Des stocks d’orge français élevés en perspective

Le début de la campagne de commercialisation de 2023-2024 de l’orge a été marqué par une chute importante de la production mondiale. Avec 141,9 millions de tonnes estimées aujourd’hui, elle retrouve son plus bas niveau depuis la campagne de 2018-2019 (138,8 millions de tonnes).

La production en baisse

Les baisses de production ont été significatives en Espagne, en Scandinavie, au Canada, au Kazakhstan, en Ukraine et en Australie. La baisse a aussi été sensible en Russie, mais le niveau de récolte y a tout de même atteint son troisième meilleur niveau depuis vingt ans.

Dans ce contexte, le principal élément d’une tension sur le bilan mondial d’orge était présent. C’était sans compter sur plusieurs autres facteurs qui perturbent aussi les marchés agricoles actuellement. En effet, si la production d’orge a chuté, la demande mondiale devrait également se contracter de 1,8 % d’ici à la fin de la campagne (30 juin 2024). Cette baisse concerne autant le secteur humain et industriel que le secteur animal.

Il faut y voir les effets de deux ans d’inflation, ainsi que de la nette remontée des disponibilités mondiales de maïs, qui devrait prendre la part du lion cette année dans le secteur animal. Autre élément, les stocks d’orge issus de la campagne précédente ont été très importants en Russie, pays où la récolte engrangée en 2022 avait atteint un niveau record.

La baisse de prix des orges françaises n’a pas été suffisante

Les prévisions de stocks français d’orge à la fin de la campagne de 2023-2024 augmentent au fil des mois. Certes, les prix français de l’orge fourragère ont baissé depuis le mois de juillet 2023, passant de 210-215 €/t rendu Rouen à 190 €/t aujourd’hui. Mais cette baisse n’a pas été suffisante pour susciter un fort intérêt chez les acheteurs.

Avec en toile de fond une demande mondiale plutôt faible, la concurrence de la Russie a été forte sur le début de la campagne vers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient. Il faut également noter des flux records de la Russie vers la Chine qui est depuis plusieurs années une destination phare pour les orges françaises. Ces dernières doivent aussi faire face au retour des orges australiennes, qui ne sont plus taxées par la Chine.

Enfin, avec une chute sans précédent de la production d’orge espagnole, des opportunités semblaient s’offrir aux exportateurs français. Cependant, ces derniers ont eu beaucoup de mal à s’imposer jusqu’à présent vers l’Espagne à cause de la concurrence des céréales ukrainiennes. Couplés à une demande intérieure faible, les stocks français d’orge sont prévus finalement à leur plus haut niveau depuis 2009-2010.